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  • Ghetto liquidé
Binem Jachimowicz et Moshe Blumstein près de la caserne militaire de Piotrkow. Quatre jours après que cette photographie ait été prise, les Juifs de Piotrkow ont été rassemblés à ce même endroit pour être déportés. Pologne, Septembre 10, 1942.

Piotrkow Trybunalski

Piotrkow Trybunalski est le premier ghetto créé par les nazis en Pologne occupée. Dans un premier temps un ghetto "ouvert", sans clôture, il est scellé en avril 1942. Les Juifs sont soumis au travail forcé dans le ghetto. En septembre 1942, la population totale du ghetto atteint son maximum avec 25 000 personnes. En octobre 1942 ont lieu des déportations massives vers le camp d'extermination de Treblinka; seulement 2 000 à 3 000 Juifs sont gardés pour travailler dans les usines du ghetto.

Travailleurs de la soupe populaire numéro 3. Ghetto de Lodz, mars 1941.

Lodz

En 1939, 235 000 Juifs vivent à Lodz, constituant la deuxième plus grande communauté juive en Europe. Après l'invasion allemande, ils ont jusqu'à la fin du mois d’avril 1940 pour emménager dans le ghetto. Le 30 avril 1940, 163 777 Juifs sont enfermés dans le ghetto rebaptisé ghetto de Litzmannstadt. Dans la première Aktion de déportation, de décembre 1941 à mai 1942, 57 064 personnes sont déportées à Chelmno pour être tuées. Lors de la deuxième vague de déportation, 15 682 enfants, personnes âgées et malades sont déportés à Chelmno. Lors de la déportation finale en juin et juillet 1944, 7 196 Juifs sont envoyés à Chelmno et 65 000 à Auschwitz. À la Libération en janvier 1945, 877 personnes sont encore en vie et se cachent dans le ghetto. On estime que 5 000 à 15 000 juifs de Lodz ont survécu aux camps de concentration.

Des ouvriers polonais et juifs construisent une section du mur qui séparer le ghetto de Varsovie du reste de la ville. Pologne, vers novembre 1940- juin 1941.

Varsovie

En avril 1941, 460 000 Juifs vivent dans le ghetto, le plus grand en Europe. Environ un tiers des habitants du ghetto sont des enfants. De juillet à septembre 1942, 260 000 personnes sont envoyées au camp de la mort de Treblinka. En réponse à une deuxième vague de déportations, un premier soulèvement est organisé en janvier 1943. Le 19 avril 1943, plus de 2 000 soldats entrent dans le ghetto avec des chars. Les combattants juifs les attaquent et le soulèvement du ghetto de Varsovie se poursuit jusqu'au 16 mai. 7 000 Juifs sont tués durant le soulèvement. 7 000 personnes de plus sont déportées vers Treblinka et 42 000 vers Majdanek. En septembre 1943, les Allemands détruisent les bâtiments restants et les murs du ghetto.

Vue d'un bout du mur entourant le ghetto de Cracovie-Podgorze. Pologne, mars 1941.

Cracovie

À la veille de la guerre, 56 000 Juifs vivent à Cracovie, représentant un quart de la population de la ville. En novembre 1939, suite à l'arrivée de Juifs ayant fui la campagne et de Juifs déportés depuis le district du Wartheland, il y a 70 000 Juifs. À partir de mai 1940, 55 000 d'entre eux sont expulsés à la campagne par les Allemands. En mars 1941, les 15 000 à 20 000 Juifs restants à Cracovie sont déplacés de force dans le ghetto de Cracovie. Le ghetto de Cracovie est créé dans le but d’exploiter et de persécuter la population juive locale. Plusieurs usines sont créées à l'intérieur du ghetto, où les Juifs sont soumis au travail forcé. Parmi les usines se trouve la firme Deutsche Emailwarenfabrik, appartenant à Oskar Schindler, qui est ensuite transférée au camp de travail de Plaszow. Au printemps 1942, les Allemands prétendent déporter 1 500 juifs de Cracovie à Plaszow; en réalité, le transport est envoyé au centre de mise à mort de Belzec. Le ghetto est liquidé entre juin 1942 et mars 1943, et la plupart de ses habitants sont envoyés à Belzec, dans le camp de concentration d'Auschwitz-Birkenau ou dans le camp de travail de Plaszow.

Déportation de Juifs du ghetto de Lublin au center de mise à mort de Belzec. Pologne, vers mars-avril 1942.

Lublin

Deux mois après la création du ghetto de Lublin, une grave épidémie de typhus éclate. En décembre 1941, 1 000 Juifs sont atteints du typhus et les hôpitaux débordent. Initialement, le ghetto est un ghetto ouvert, mais en février 1942 une nouvelle section – la section B – est ajoutée au ghetto et séparée de la section A par des barbelés. En mars 1942, les déportations commencent en direction du centre de mise à mort de Belzec où 25 000 Juifs de Lublin sont assassinés. En septembre 1942, 1 000 Juifs sont envoyés au camp de concentration de Majdanek. En novembre 1942 commence la liquidation finale du ghetto et tous ses habitants sont envoyés à Majdanek.

Kovno

Le ghetto de Kovno (ou Kaunas) est créé en juillet 1941 et scellé en août. 29 000 Juifs sont forcés d’y vivre. En octobre 1941, les autorités tuent près de la moitié de la population du ghetto. À l'automne 1943, les SS prennent en charge le ghetto et le transforment en « camp de concentration de Kauen ». 2 900 personnes jugées inaptes au travail sont envoyées à Auschwitz. En juillet 1944, les Allemands évacuent le camp de Kauen et tous les Juifs sont envoyés à Dachau.

Les citoyens juifs du ghetto de Minsk déneigeant les rails de train. Février 1942.

Minsk

Avant la guerre, Minsk est une ville à prédominance juive et le Yiddish est l'une de ses quatre langues officielles. Le 19 juillet 1941 est donné l'ordre d'y créer un ghetto et 80 000 Juifs sont forcés d'y habiter. En novembre 1941, une section spéciale du ghetto est créée pour les Juifs déportés d'Allemagne, d'Autriche et de Républicque tchèque; jusqu'à 35 000 personnes y vivent. Entre juillet 1941 et octobre 1943, les habitants du ghetto de Minsk sont déportés au centre de mise à mort de Sobibor. De plus, 35 000 personnes sont tués dans le ghetto durant des pogroms et de opérations de tueries utilisant le monoxyde de carbone sortant des pots d'échappement de camions. À l'été 1942, les Allemands créent un centre de mise à mort à Maly Trostinets, juste à l'extérieur de Minsk où des milliers de personnes sont fusillées ou tués par gaz dans des camions. Les habitants du ghetto commencent à organiser des activités de résistance dès août 1941 et travaillent en étroite collaboration avec les réseaux de résistants communistes. On estime que 10 000 Juifs ont réussi à s'échapper du ghetto.

Les citoyens juifs de Riga n'ont pas le droit d'emprunter les trottoirs et doivent marcher dans la rue. 1942.

Riga

Le ghetto de Riga est créé en août 1941 et 29 600 Juifs sont forcés d’y vivre. En novembre 1941, 11 000 Juifs sont assassinés dans le ghetto et 14 000 Juifs le mois suivant. La partie restante du ghetto est progressivement remplie de Juifs étrangers. Environ 22 000 Juifs allemands, autrichiens et tchèques sont déportés à Riga entre l'automne 1941 et la mi-1942. Au printemps 1942, les Juifs allemands sont la cible d'une Aktion durant laquelle 2 000 sont tués. La liquidation du ghetto a lieu en 1943, lorsque 9 000 prisonniers sont progressivement transférés dans le camp de concentration de Kaiserwald. En novembre 1943, les 2 600 Juifs restants dans le ghetto de Riga sont envoyés à Auschwitz.

Policiers juifs et lituaniens à l'entrée du ghetto de Vilna. Lituanie, vers 1941-1943.

Vilna

En juin 1941, quand les Allemands entrent dans Vilna, il y a 60 000 Juifs en ville. 10 000 Juifs sont fusillés par les Einsatzgruppen le 9 juillet 1941 à Ponary, près de Vilna. En septembre 1941, 40 000 Juifs sont concentrés dans deux ghettos à Vilna. Les personnes jugées inaptes au travail sont regroupées dans le ghetto n° 2. Ce sont pour la plupart des femmes et des enfants, qui sont tués en octobre 1941 par les Einsatzgruppen allemands et leurs collaborateurs lituaniens. Les Juifs du ghetto n° 1 sont forcés de travailler dans des usines ou à des projets de construction à l'extérieur du ghetto. Au cours d’opérations périodiques de mises à mort, la plupart des habitants du ghetto sont tués par balle à Ponary, à l'extérieur de Vilna. Les massacres cessent entre le printemps 1942 et le printemps 1943. Au début de septembre 1943, alors que les Allemands entrent dans le ghetto pour y préparer les dernières déportations, les membres de la résistance affrontent les soldats. Néanmoins, le conseil juif, espérant minimiser les effusions de sang, accepte de coopérer. Les résistants fuient vers la forêt et rejoignent les partisans. Plus tard, le même mois, les enfants du ghetto, les personnes âgées et malades sont déportées au camp de la mort de Sobibor ou sont abattus à Ponary. Les hommes sont envoyés dans des camps de travail en Estonie, tandis que les femmes sont envoyées dans des camps de travail en Lettonie.

Edvard Neugebauer, Jägerkaserne. Terezin, 1942. Les Jägerkaserne (barraques des chasseurs) sont utilisées comme logement pour les détenus plus âgés et comme station de quarantaine.

Terezin

Les Allemands créent le ghetto de Theresienstadt dans la ville forteresse de Terezin. Le ghetto fonctionne comme un camp de transit pour les Juifs sur leur chemin vers les centres de mise à mort et les camps de travail à l'est. Lors de la Conférence de Wannsee, il est décidé que Theresienstadt deviendra le ghetto pour les Juifs autrichiens et allemands. En 1943, les Juifs des Pays-Bas et du Danemark sont également envoyés à Theresienstadt. Le ghetto atteint son apogée en septembre 1942 avec 58 491 détenus. Au printemps 1943, les Allemands cherchent à exploiter le ghetto de Theresienstadt à des fins de propagande. Ils mettent en place une campagne d'embellissement et invitent des représentants de la Croix-Rouge danoise et de la Croix-Rouge internationale à visiter ce ghetto "modèle" en juin 1944. L'Armée rouge atteint Theresienstadt en mai 1945, alors que la plupart des officiers allemands ont déjà fui le ghetto. 35 000 personnes sont mortes dans le ghetto, tandis que 83 000 ont été tuées à la suite de leur déportation depuis le ghetto.

Smolensk

Smolensk est le plus grand ghetto des territoires occupés de la Fédération de Russie. En activité pendant presque un an, il est le ghetto qui a existé le plus longtemps dans cette région. Le ghetto est créé en juillet 1941. En novembre de la même année, 1 200 Juifs y sont sélectionnés et fusillés. Pendant l'été 1942, de 1 200 à 2 000 Juifs sont tués au cours de différentes Aktions. La ville est libérée en septembre 1943.

Un panneau placé à l'entrée du quartier juif de Budapest. Le texte en hongrois annonce: «Entrée interdite aux chrétiens. » Hongrie, 1944.

En juin 1944, les autorités hongroises ordonnent que les Juifs de Budapest soient relogés dans plus de 2 000 "maisons juives" disséminées en ville. Au même moment, 25 000 Juifs de la banlieue de Budapest sont déportés au camp d’Auschwitz-Birkenau pour être tués. En juillet 1944, les autorités hongroises suspendent les déportations, épargnant les Juifs restants à Budapest. Les Juifs cherchent alors des endroits où se cacher ou la protection de refuges organisés par le diplomate suédois Raoul Wallenberg et d'autres diplomates étrangers. En octobre 1944, après un coup d'État orchestré par l'Allemagne, un nouveau gouvernement dirigé par le parti fasciste des Croix fléchées arrive au pouvoir. Les Juifs de Budapest sont à nouveau en danger. Des centaines sont tués dans la ville tandis que d'autres sont enrôlés pour le travail forcé. En novembre, 70 000 Juifs sont envoyés dans une marche forcée en direction de camps de concentration en Autriche, des milliers d'entre eux sont tués et des milliers d'autres meurent de faim ou de froid. Au même moment, les Juifs de Budapest sont confinés dans un ghetto fermé. Entre décembre 1944 et la fin janvier 1945, les 20 000 Juifs du ghetto sont tués, leurs corps jetés dans le Danube. Lorsque les forces soviétiques libèrent Budapest le 13 février 1945, environ 100 000 Juifs sont encore en vie, la plupart sous protection de diplomates étrangers.