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Partout en Europe, les Juifs résistent à l'oppression nazie de différentes manières. Individuellement et collectivement, les Juifs organisent une résistance armée, s'évadent des ghettos, s'insurgent contre leurs gardes dans les camps de concentration. Souvent, leur résistance prend la forme de l'entraide et du secours. Elle se manifeste aussi dans les actes de résistance spirituelle et morale, à commencer par la documentation de leur lutte pour la survie et la dignité. La question n'est pas de savoir pourquoi il n'y a pas eu plus de résistance, mais bien comment est-ce qu'il y a pu en avoir autant?
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Octobre
L'historien juif Dr Emmanuel Ringelblum (1900-1944) commence à chroniquer la vie des Juifs à Varsovie sous occupation allemande. Ses archives deviennent "Oyneg Shabbat" (Joie du Sabbat), une opération secrète impliquant des dizaines de participants une fois le ghetto scellé en novembre 1940. Composé d'historiens, d’écrivains, de rabbins et de travailleurs sociaux, Oyneg Shabbat chronique la vie dans le ghetto. Ses membres travaillent en équipe, recueillant des documents et sollicitant des témoignages de la part de dizaines de bénévoles de tous âges. Leur travail prend fin en janvier 1943.
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Juillet
La résistance juive s’organise en Grèce. Après l'invasion de la Grèce par les troupes allemandes, Sara Fortis décide de devenir un andarte (combattant de la résistance). Allant de village en village, elle recrute d'autres femmes qui veulent se battre. Lors de leur première mission, elles lancent des cocktails Molotov pour distraire l'ennemi et permettre aux partisans masculins d’attaquer. Elles se joignent à de nombreuses missions, brûlant des maisons, exécutant des collaborateurs nazis.
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Décembre
À la suite de l’assassinat de leurs parents et de deux de leurs frères par les Allemands dans le ghetto de Nowogrodek (Biélorussie), les frères Tuvia, Asael, Aharaon et Zus Bielski établissent un groupe de partisans dans les forêts de Zabielovo et Perelaz. Au départ, environ 30 membres de leur famille et des amis se cachent ensemble. Avec l'aide d'amis biélorusses non-juifs, ils aident ensuite des Juifs à s’échapper des ghettos environnants. Fin 1942, leur groupe compte plus de 300 personnes. « Je préfère sauver une vieille dame juive plutôt que de tuer 10 soldats nazis » - Tuvia Bielski.
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1er janvier
À Minsk, la résistante juive Masha Bruskina et d’autres partisans sont pendus par les Allemands, leur corps laissé sur la potence pendant plusieurs jours, afin de décourager toute autre activité de résistance.
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janvier
À Toulouse, en France, Abraham Polonsky et son épouse Eugénie, Lucien Lublin, le poète russe David Knout et son épouse Ariane Skriabina créent le groupe de résistance juive « Armée juive ». À son apogée, le groupe compte 2 000 combattants. L’Armée juive fait passer clandestinement des centaines de Juifs en Espagne et en Suisse, lance des attaques contre les forces d'occupation allemandes et cible les informateurs des nazis et les agents de la Gestapo (police secrète allemande). L'Armée juive devient ensuite l'Organisation Juive de Combat et est officiellement enregistrée dans les Forces françaises de l'intérieur (FFI).
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avril
Dans le ghetto de Varsovie, Ted Leibowitz écrit à son ami Wolf Biberkraut à propos de l’imminent « combat pour chaque pierre, chaque fenêtre ». Reconnaissant que « c'est peut-être notre fin », il veut que son ami sache qu’il n’est « pas mort comme un mouton! ».
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6 juillet
Otto Frank, sa femme Édith et leurs deux filles, Margot et Anne, des Juifs allemands vivant à Amsterdam depuis 1933, emménagent dans une cachette pour échapper à la déportation. Le 13 juillet 1942, la famille Frank est rejointe par la famille van Pels : Hermann, Augusta et leur fils Peter, puis, en novembre, par Fritz Pfeffer, un dentiste et ami de la famille. Ils restent cachés jusqu'au 4 août 1944, lorsque la Gestapo (police secrète allemande) découvre leur cachette après avoir reçu un appel anonyme. Le journal intime d'Anne Frank, publié après sa mort dans un camp de concentration, a fait connaître au monde sa vie dans la clandestinité.
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10 août
Le Dr Yehiel Atlas mène des partisans juifs dans l'attaque de la garnison nazie à Derechin, en Biélorussie. Ils tuent 44 policiers allemands.
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3 septembre
Le Conseil juif de Lachwa, en Biélorussie, mène une révolte contre les soldats qui viennent liquider le ghetto. Quelque 600 Juifs s’échappent.
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8 novembre
Des groupes de résistants, en grande partie juifs, contribuent à libérer Alger lors de l’avance des Alliés, affranchissant les Juifs nord-africains de la domination nazie.
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Charles Kotkowsky, prisonnier d’un camp de travail forcé à Piotrkow, reçoit des lettres clandestines provenant de l’organisation de résistance du ghetto de Varsovie. Transportées clandestinement du ghetto par des messagers – dont Vladka Meed – les lettres montrent comment, dans les conditions les plus dangereuses, les Juifs ont organisé le partage d’informations et de ressources pour résister et survivre.
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18 janvier
Une première opération de résistance armée de la ZOB (Zydowska Organizacja Bojowa : Organisation combattante juive) dans le ghetto de Varsovie interrompt la déportation des Juifs du ghetto à Treblinka.
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21 janvier
La FPO (Fareynikte Partizaner Organizatsye : Organisation unie des partisans) est créée dans le ghetto de Vilna. La FPO comprend Abba Kovner et des membres de partis politiques allant des communistes pour les plus à gauche, à Betar pour la droite. La FPO compte environ 400 combattants organisés en quatre bataillons : Ha-Nokem (le Vengeur), dirigé par Abba Kovner; À la Victoire commandé par Shmuel Kaplinski; Mort au fascisme dirigé par Yankel Prenner et Ha-Ma'avak (la lutte) commandé par Aharon Aharonovits. Leurs objectifs sont d'établir l'autodéfense dans le ghetto, de saboter les activités industrielles et militaires allemandes et de rejoindre la lutte des partisans et de l'Armée rouge contre les nazis.
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19 avril
Le 20e transport déportant 1 631 Juifs de la Caserne Dossin située à Malines en Belgique vers Auschwitz-Birkenau est arrêté avant d'atteindre la frontière allemande. L’opération de sauvetage est organisée par trois membres de la résistance belge, l'un d'entre eux Juif.
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19 avril
Le soulèvement du ghetto de Varsovie commence alors que les Allemands tentent de liquider les 70 000 habitants du ghetto. La Waffen-SS entoure le ghetto avec ses chars et des canons, s'attendant à finir le travail rapidement. Les Juifs du ghetto, dirigés par Mordechai Anielewicz, résistent pendant 43 jours jusqu'à ce que les nazis mettent feu à tout le ghetto, tuant près de 13 000 Juifs au total. La majorité des Juifs restants est déportée vers différents camps de concentration.
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juin
Résistance armée juive dans les ghettos de Bedzin, Bialystok, Czestochowa, Sosnowiec, Lvov et Tarnow.
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5 juillet
Yitzhak Wittenberg, le commandant de la FPO (Organisation unie des partisans) à Vilna, est arrêté. Ses camarades le libèrent alors qu'il est fait prisonnier. Lorsque les Allemands menacent de détruire le ghetto s'il ne se rend pas, Wittenberg se livre. Réalisant qu'il ne survivra pas à la torture, Wittenberg se suicide dans sa cellule de prison. Avant sa mort, il nomme Kovner commandant du FPO à sa place. Après l’échec du soulèvement, les membres de la FPO fuient vers les forêts environnantes et continuent de se battre avec les partisans.
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2 août
Révolte de prisonniers juifs dans le camp de la mort de Treblinka.
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14 octobre
Une révolte de prisonniers dans le camp de la mort de Sobibor permet à des centaines de détenus de fuir. La plupart ne survivront pas.
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décembre
Le groupe Bielski établit une base permanente dans la forêt de Naliboki, alors sous le contrôle des partisans soviétiques. Le camp Bielski devient un centre vital de soutien logistique pour les partisans soviétiques; les membres du groupe Bielski réparant vêtements, chaussures et armes. Les membres du groupe Bielski reçoivent des armes des partisans soviétiques et prennent part à des missions, attaquant des policiers biélorusses, ainsi que des agriculteurs soupçonnés de tuer des Juifs. Ils font dérailler des trains allemands, font sauter des rails de chemin de fer et des ponts. Tout au long de la guerre, ils continuent à faciliter les évasions de prisonniers des ghettos. Au moment de la libération, le groupe compte 1 230 Juifs et a tué 381 ennemis.
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juillet
Détenue à Lippstadt, en Allemagne, dans une usine de munitions affiliée à Buchenwald, Edith Gluck commence à rassembler des recettes auprès de ses codétenues et les transcrit sur des reçus volés à l'usine. Son livre contiendra 200 recettes.
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19 août
Une unité du maquis juif (Résistance française) fait exploser un train blindé allemand près du village de Labruguière.
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30 août
Le soulèvement national slovaque comprend quelque 1 566 combattants juifs.
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7 octobre
Dans le camp de la mort d'Auschwitz-Birkenau, quatre prisonnières nommées Roza Robota, Ala Gertner, Regina Safirsztajn et Ester Wajcblum font passer clandestinement de la dynamite pour aider à faire exploser un crématorium. Leur implication dans la révolte découverte, les quatre femmes sont pendues.
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7 novembre
La parachutiste Hannah Szenes est exécutée à Budapest à l'âge de 23 ans. Elle était l'une des 32 hommes et femmes juifs de Palestine s’étant portés volontaires pour rejoindre l'armée britannique et être parachutés dans l'Europe occupée par les Allemands. Leur mission était d'organiser la résistance contre les Allemands et d’aider au sauvetage du personnel allié. Les parachutistes ont servi en Hongrie, en Slovaquie, dans le nord de l’Italie, en Yougoslavie, Roumanie, Bulgarie, France et Autriche. Les Allemands en ont capturé 12 et exécuté 7 d'entre eux.
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12 décembre
À Auschwitz, une prisonnière nommée Fania Fainer reçoit un livret en forme de cœur, fabriqué par ses codétenues à l'occasion de son 20e anniversaire.
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